Présentation de Melrand

Histoire du développement du territoire de la commune

Le Blavet était une voie commerciale très empruntée au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Des gabares de faible tonnage transportaient des pommes de terre, des céréales, de la chaux, du charbon ou des poteaux de mines. Les agriculteurs de Melrand, de Saint-Barthélémy et de Quistinic déchargeaient leur marchandise sur le quai de Saint-Rivalain où les chalands les embarquaient dans leurs cales. En 1865, l’ouverture de la voie ferrée Auray-Pontivy, qui suit d’ailleurs le cours de la rivière, offre une nouvelle infrastructure pour la circulation des marchandises et contrebalance le rôle du canal du Blavet.

Autour de l’eau, les lavoirs, moulins, ponts, pêcheries, écluses forment un riche patrimoine. Sur les nombreux moulins à eau qui bordaient la Sarre autrefois, cinq ont été inventoriés : Boterff, la Madeleine, Talroc’h, Le Poul, le Moulin rose. Liés également à l’eau, des ponts piétonniers sont conservés sur la Sarre et le Brandifrout (pont Mérian, pont du Moulin du Poul). Les cinq pêcheries dont les plans sont conservés aux archives départementales du Morbihan ont, en revanche, entièrement disparu.

De la période celtique au haut Moyen Age

Avant la conquête romaine, Melrand était habitée par la tribu celtique des Beller au sein d’une immense forêt qui occupait le centre de l’Armorique. De cette période datent les vestiges du dolmen situé près du village de Kerhuitouze et le tumulus de Saint-Fiacre.

Durant l’occupation romaine entre l’an 58 avant J.C. et le VIe siècle, Melrand dépend de la 3e Lyonnaise ayant Tours pour capitale. Elle est près de la voie romaine reliant Vannes à Carhaix, appelée « Vorgium ». Seuls quelques tronçons de la voie subsistent sur la commune après le remembrement. Elle passe l’Houée, à 50 mètres au nord du moulin de Manéguen, puis passe au sud de Kerhenry, puis à Kerprat enfin près de Saint-Fiacre et entre dans la commune de Guern. Un embranchement de la voie romaine de Rennes à Quimper conduit vers le bourg de Melrand.

Le fleuve Le Blavet qui marque la limite de la commune à l’Est est sans doute structurant depuis les origines. La poterie mise au jour sous forme de tessons dans le village médiéval est très parlante. Une très grande partie de la vaisselle de ce village était « importée », soit du Sud du Finistère, soit de l’Est du Morbihan. Les ateliers de production de cette céramique sont connus, et MELRAND avait déjà apprécié sa qualité, ou peut-être son esthétisme ! D’autre part, si l’on étudie la vie quotidienne, on se rend compte que le sel était indispensable. Pour saler la viande, parfois le poisson, aucun équivalent alors, que ce soit dans des récipients en terre cuite ou, plus probablement ici, dans des coffres de bois. Bien que l’on ait très peu d’informations sur les échanges avant le Moyen Age central, on peut supposer que poterie et sel étaient récupérés très certainement au marché à PONTIVY, plus proche lieu d’échanges à grande échelle (environ 20 km. de MELRAND, ce qui est déjà beaucoup par rapport aux moyens de transport de l’époque). Le sel et la poterie arrivaient au marché de PONTIVY très certainement par le Blavet, qui remonte très loin dans les terres et permet de nombreux échanges. La distance de 60 km. environ qui sépare la ville de la mer était sans doute plus aisée par voie fluviale que par voie terrestre. C’était déjà sans doute une voie commerciale très empruntée car très efficace. En revanche, il est difficile de dire s’il y existait déjà un espace de chargement/déchargement comme il en est attesté à Saint Rivalain en MELRAND au XIXème siècle. Là, les marchands auraient peut-être pu décharger les marchandises à destination des paroisses (sel et poterie) charger les denrées récupérées en échange (beurre, céréales, plantes…).

Durant le Haut Moyen Âge, Melrand fait partie de l’immense comté du Porhoët issu d’un démembrement du comté de Rennes. En 1221, le vicomte Alain reçoit de son frère la totalité du territoire situé à l’ouest de l’Oust dans lequel se situe le canton de Baud, avec Castel Noec ou Castennec comme siège. Dès 1228 Alain de Castel Noec transporte le siège de la seigneurie sur l’Oust, à Rohan, dont il prendra le nom. Le canton de Baud fait dorénavant partie de la vicomté de Rohan jusqu’à la Révolution. En 1790, érigé en commune et même en chef-lieu de canton, Melrand entre dans le district de Pontivy. Mais en 1801, il perd son titre de canton et fait partie de celui de Baud.

Des premiers temps féodaux subsistent les vestiges importants du village de Lann Gouh, occupé entre le Xe et le XIVe siècles puis déserté. Ce site regroupe une quinzaine de petites maisons et leurs structures domestiques. Il est devenu aujourd’hui un centre d’expérimentations et d’interprétations archéologiques.

 

Sous l’Ancien Régime

Sur les douze terres nobles attestées dans les sources (Boterbley, le Boterff, Cabocen, Coetsulan, le Fos, Kergaro, Kerjoli, Le Lain, Manéguen, Le Nénec, Quenetevec, La Salle) il ne subsiste à Melrand qu’une salle seigneuriale au manoir du Boterff. La rareté des vestiges de la demeure seigneuriale est peut-être à mettre au compte de la puissance des Rohan, qui se sont efforcés d’assimiler de petites seigneuries voisines de leurs terres dans un phénomène de regroupement des terres.

Si l’architecture seigneuriale a laissé très peu de traces, les édifices religieux sont abondants : on ne compte pas moins de sept chapelles à Melrand. Aucun témoignage ne subsiste de l’époque romane mais le gothique flamboyant est particulièrement bien représenté avec des édifices de qualité tels Notre-Dame de Locmaria, Saint-Fiacre et des parties de l’église paroissiale. Importants lieux de pèlerinage, ces chapelles sont l’émanation de grandes familles aristocratiques, les Rohan tout d’abord, premiers seigneurs prééminenciers à Saint-Fiacre dans la seconde moitié du XVe siècle, à Locmaria au milieu du XVIe siècle. Le XVIIe siècle a laissé la petite chapelle du Guelhouit, datée 1680, seul édifice intact de la période sur le canton.

L’organisation de la propriété paysanne et ses conséquences sur l’habitat rural

Les maisons rurales sont sous l’Ancien Régime, notamment au XVIIe siècle, le reflet d’une société rurale relativement riche dont l’économie est florissante. La majorité des tenues est à domaine congéable, les autres étant des métairies relevant du domaine proche de la seigneurie. Le domaine congéable est un régime propre à la Basse-Bretagne dont les caractéristiques paraissent découler du servage. Le paysan est propriétaire des édifices et superfices (talus et arbres sur les talus) ainsi que de la couche arable. Le seigneur est propriétaire du fonds et reçoit une rente faible du domanier.

Dans le canton de Baud, le domaine congéable est sous l’usement de Rohan, dont les conditions considérées comme les plus dures, pourraient avoir eu des conséquences importantes pour l’architecture rurale. En effet, la tenue étant soumise à la mainmorte, la condition pour hériter est d’avoir vécu sous le toit du défunt. S’il n’y a pas d’héritier direct, la tenue tombe en déshérence, et revient au seigneur. Cette difficile condition pourrait avoir eu pour conséquence que le seigneur ait pu avoir intérêt à bâtir lui-même des édifices qui lui revenaient en cas de déshérence. Le domanier contrairement à d’autres coutumes ou usements n’a pas le droit de vendre ni de modifier ses édifices sans l’autorisation du propriétaire foncier. Or, on constate peu de transformations des habitations avant le XIXe siècle. De plus, l’héritier étant souvent mineur au moment de la mort du père, la tenue est baillée à ferme ; les termes de la ferme sont toujours : « sans pouvoir changer ni modifier les bâtiments ». Le peu d’acquisition de terres vendues comme bien national à la Révolution constitue un autre facteur de conservation de l’habitat rural. Ce phénomène est contraire à d’autres régions du Finistère voisin où l’on constate une reconstruction presque totale des bâtiments au XIXe siècle suite aux acquisitions des fermes par les paysans.

 

Au XIXe siècle

Bien qu’il y ait eu relativement peu de rachats de terres après la Révolution, l’habitat rural est cependant bien représenté au XIXe siècle. On peut avancer l’hypothèse selon laquelle l’ouverture en 1836, de la route départementale reliant Melrand à Baud et Guéméné-sur-Scorff, a pu générer les conditions favorables au renouvellement d’une partie de l’habitat. En effet, le bourg alors uniquement desservi par les chemins ruraux et seulement peuplé d’agriculteurs et de journaliers se développe rapidement avec les nouvelles facilités d’échange de marchandises. La campagne profite aussi de la mise en place de ce nouveau réseau routier.

L’activité agricole

D’après le rapport de l’intendant des Gallois de la Tour en 1733, Melrand fait preuve d’une bonne santé économique. L’activité agricole est principalement basée sur l’élevage et la culture céréalière. D’autres activités annexes existent, telles la production de cidre, l’apiculture, la culture et la fabrication de toiles de chanvre et de lin. Le territoire de Melrand, en raison de ses nombreux cours d’eau, semble particulièrement adapté à l’élevage, essentiellement bovin. Les nombreuses étables témoignent de cette tradition ancienne d’élevage. Les inventaires après décès font apparaître pour les fermes les plus riches, un attelage de boeufs et un cheval, cinq à six vaches. On y mentionne également les mottes de beurre : le beurre breton est très prisé et exporté vers la Rochelle et Bordeaux. Les bêtes sont vendues dans des marchés locaux, leur commerce reste intérieur à la province. Les céréales cultivées sont : le froment vendu, pour l’essentiel, sur les marchés de Pontivy et d’Hennebont puis exporté en dehors de la Bretagne ; le seigle ; le blé noir ; l’avoine et le millet.

Le recensement de l’agriculture de 1882 signale 130 chevaux, 1050 vaches, 170 boeufs de travail, 540 moutons et 330 cochons. Celui de 1901 montre une augmentation considérable du nombre de vaches et de boeufs (2560 et 640). Ce nombre diminue en 1929 et passe à 2000 et 50 tandis que le nombre de chevaux passe à 215.

D’après les recensements agricoles de 1882 et de 1901, 1740 hectares de céréales sont cultivées à Melrand, soit : entre 1000 et 1030 ha de seigle ; 480 à 500 ha de sarrazin ; 220 et 480 ha d’avoine ; 20 à 0 ? ha de froment et 20 à 10 ? ha de millet dont on fait encore la fameuse bouillie à l’occasion des pardons. Les piles-mil conservés dans de nombreuses fermes témoignent de cette ancienne culture. La culture de la pomme de terre ne cesse d’augmenter : elle passe de 120 ha en 1882 à 300 ha en 1901 puis à 430 ha en 1929. Le chanvre, en revanche couvre 80 ha jusqu’en 1901 et chute à 1 ha en 1929. Les pommiers et les poiriers tiennent également une place importante dans l’économie locale pour la fabrication du cidre. On recense 320 hectares de vergers dans les vingt dernières années du XIXe siècle, 100 000 et 25 000 pommiers et poiriers pour l’année 1929.

La surface des exploitations est le plus souvent réduite : sur un total de 320 exploitations, 170 sont inférieures à 5 hectares (90 ont moins de 1 hectare). Les deux plus grandes exploitations couvrent entre 40 et 50 hectares.

 

Situation industrielle entre la seconde moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle

Essentiellement agricole, la commune possédait cependant quelques industries : l’usine à papier de Saint-Rivallain, deux scieries mécaniques et les ateliers de menuisiers-ébénistes installés au bourg. Ces derniers ont fait la réputation de la commune dès la seconde moitié du XIXe siècle et jusqu’à la première moitié du XXe siècle. De véritables dynasties de sculpteurs se sont succédées au fil des générations. Louis-Marie Le Peutrec né en 1846 est le premier à ouvrir un atelier à Melrand auquel il associe une école de sculpture. L’usine Le Peutrec occupait l’angle de la rue de Guémené et de la place du Marché. L’entreprise, aux méthodes semi-industrielles a créé un très grand nombre de meubles destinés à être vendus dans la région et bien au-delà. Ils quittaient Melrand sur des charrettes tirées par des chevaux. Certains étaient embarqués à Lorient à destination de l’Angleterre. Marcel Le Calvé, ancien sculpteur raconte : « Cette maison, très renommée dans la région et au-delà, avait mérité des médailles d’or et d’argent dans de nombreuses expositions. Une médaille d’or à l’exposition universelle de 1900 à Paris lui valut un certain retentissement ».

Les apprentis, une fois leur apprentissage terminé, restaient travailler dans l’usine Le Peutrec ou s’installaient à leur compte. C’est ainsi qu’une huitaine d’ateliers (Le Peutrec, Le Calvé, L’Hinguerat, Troudet, Carel, Quilleré, Hemonet) ont vu le jour à Melrand entre les années 1880 et la Seconde Guerre mondiale, faisant la renommée de la commune. Certains étaient spécialisés dans le décor de mobilier de châteaux et d’églises comme Louis Le Peutrec, Louis-Vincent Troudet qui réalise la chaire à prêcher de l’église paroissiale de Belle-Isle-en-Terre. René Carel reçoit des commandes de la célèbre maison Branthôme de Rostrenen et des meubles Le Poder de Pontivy. L’année 1932 voit la fermeture de deux grands ateliers, celui de Le Peutrec et de Le Calvé dont les affaires périclitent après la crise économique de 1929. D’anciens ouvriers s’installent à leur compte après la fermeture de ces entreprises : Maurice Le Peutrec installé au bas du bourg à Kerstraquel ; René Carel monte son atelier en 1932 rue de Saint-Rivalain ; Lucien Quilleré situé au bas de la rue d’Angleterre ou encore Vincent Troudet ouvre un petit atelier rue du Calvaire.

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